Une matinée très riche

Nous ne nous en apercevons pas, mais, chacun de nous, tout au long de notre journée, donne des Signes de Reconnaissance aux autres. Et il en reçoit également.

Pour vous donner un exemple, il est 11h30 quand je débute l’écriture de cet article. À cet instant, j’en ai déjà donné quelques-uns :

– J’ai dit à ma compagne que j’appréciais prendre le petit déjeuner avec elle.
– Je lui ai également dit que les crêpes qu’elle avait préparées la veille étaient excellentes.
– Et quand j’ai vu ma fille descendre de sa chambre à 10h30, j’ai pointé, l’air sévère, ma montre avec mon index.
– J’ai félicité mon fils d’avoir fait, la veille, la première tonte du jardin à ma place.
– Enfin j’ai caressé mon chien en me disant que je la préférais depuis qu’elle avait été chez le toiletteur.

Tout sauf l'indifférence

L’être humain, et en particulier le tout petit enfant, a besoin d’être stimulé, touché, caressé afin qu’il se développe harmonieusement. En effet il ne suffit pas de le nourrir et de lui donner les soins de base pour qu’il grandisse d’une façon équilibrée. C’est ce que Éric Berne a appelé la Soif de Stimulation.

Ainsi, en grandissant, l’enfant va ajouter à ce besoin de stimulation un besoin de Signes de Reconnaissance. Ils constituent le « carburant » de la relation. C’est ce que Éric Berne a appelé la Soif de Reconnaissance. Il s’agit de la recherche d’une certaine catégorie de sensations ne pouvant être fournies que par un autre être humain.

Les Signes de Reconnaissance

Les Signes de Reconnaissance ou Strokes en anglais (traduits à la fois en coups et en caresses) sont vitaux pour l’homme. Sans eux, il se sent mal, voire même, il déprime ou dépérit. Ils le reconnaissent en tant que personne réelle et digne d’attention. Ainsi, ils lui fournissent une stimulation nécessaire à son positionnement dans sa réalité.

Ils peuvent être :

– Conditionnels (relatifs à son comportement) ou Inconditionnels (relatifs à sa personne).
– Positifs ou négatifs.
– Verbaux ou non-verbaux.

L’être humain est prêt à beaucoup de choses pour en obtenir. D’ailleurs, plutôt qu’affronter l’indifférence, il préfère en recevoir des négatifs.

Bien que le stock de Signes de Reconnaissance soit inépuisable, Claude Steiner a développé le concept de « l’Economie des Signes de Reconnaissance ». Ce concept part du principe que les Signes de Reconnaissance sont gérés suivant une croyance de pénurie. Et qu’il va donc falloir faire des choix :

– Je n’en donne pas quand j’ai à en en donner (sinon il n’y en aura plus pour moi).

– Je n’en demande pas quand j’en ai besoin (ils sont trop chers, je ne les obtiendrai pas).

– Je n’en accepte pas quand j’en désire (en période de disette, il vaut mieux les stocker pour plus tard).

– Je n’en refuse pas quand je n’en désire pas (je peux me les offrir, ils ne valent pas grand-chose).

– Je ne m’en donne pas (c’est du gâchis).

Un souvenir de Coach

Il m’est arrivé, lors d’un Coaching Individuel avec un jeune Manager, d’utiliser ce concept des Signes de Reconnaissance. Dans un premier temps, ce Manager me décrivait son équipe. Puis sa relation avec cette équipe. Et enfin la sensation qu’il avait de n’être ni considéré, ni suivi par elle. D’autre part, du fait de l’organisation particulière des locaux de son entreprise, ce Manager n’était pas situé au même étage que son équipe.

Quand je l’ai interrogé sur la manière dont les Signes de Reconnaissances étaient distribués dans son équipe, il me répondit qu’il n’en recevait que très peu de la part des membres de son équipe et qu’il en distribuait plutôt des négatifs conditionnels par écrit puis qu’il ne savait pas ce qui se passait au sein de son équipe. J’eus alors l’impression que la pénurie des Signes de Reconnaissance avait cours dans cette équipe.

Après lui avoir fait cet apport sur les Strokes, il lui prit l’idée d’imaginer comment il pourrait distribuer différemment ses propres Signes de Reconnaissance, en faire aussi des positifs, peut être des inconditionnels et pourquoi pas, se déplacer jusqu’à l’étage de son équipe pour en faire des verbaux.

Cette spontanéité à se lancer dans l’action a été, je pense, l’indicateur d’un déclic chez mon client. Il a compris, alors, que la situation problématique n’était ni lui, ni son équipe mais la qualité de la relation.

Quelques semaines plus tard, il m’a même avoué qu’il avait pris la décision et fait ce qu’il fallait pour que son bureau soit aménagé au même étage et à proximité de son équipe.

A cet endroit, j’imaginais, déjà, lui faire un apport sur la Structuration du Temps Social en Analyse Transactionnelle qui me paraissait être le bon complément pour qu’il continue son cheminement.